De son apparition à Wuhan en Chine à son arrivée en Europe, du confinement au premier protocole sanitaire, du protocole sanitaire renforcé au couvre-feu, du couvre-feu au reconfinement : il faut l’avouer, on s’y perd un peu avec le Covid-19.
Ce virus nous donne l’incroyable sensation de vivre un « jour sans fin » mais peut-il surtout bouleverser nos valeurs, nos repères et, plus encore, nos modes de vie dans la durée ?
Comme dans tous les hôpitaux de France, comme dans le monde entier, il a évidemment fallu faire face aux manques matériels dans le secteur médico-social au début de l’épidémie. Chez les PEP 45, c’est en mai que nous avons pu obtenir de quoi effectivement et efficacement « faire la guerre » au virus : plus de 600 masques en tissu, 1 000 FFP2, 13 000 jetables, 180 litres de gel hydroalcoolique, 18 000 gants, des blouses, des visières, etc. L’Agence Régionale de la Santé (ARS) nous a quant à elle dotés de plus de 172 000 masques jetables. Cela a permis de prévoir au mieux la deuxième vague.
Mais nous n’avons pas voulu faire le point sur la situation relative au Covid-19 simplement pour faire la publicité de ces quelques éléments chiffrés…
Alors que l’on nous demande d’apprendre à « vivre avec le virus » comme s’il s’agissait de notre tout nouveau partenaire amoureux, nous percevons la colère et nous entendons les inquiétudes. Elles sont bien légitimes mais nous croyons que les raisons d’espérer en un avenir meilleur demeurent malgré tout plus nombreuses que celles de céder à la peur et au repli sur soi.
Solidarité : est-elle encore bien vivante ?
Il est vrai que certaines images ont pu choquer, notamment celles de violents démantèlements de camps de migrants en région parisienne laissant ces derniers dans une situation particulièrement inhumaine en pleine crise sanitaire. Mais les initiatives individuelles ou collectives ne manquent pas pour affirmer que la solidarité n’a tout de même pas fait défaut. Confection de masques gratuits par des collectifs de couturiers et de couturières, distributions alimentaires par plusieurs restaurateurs, impressions d’attestations de sorties pour les personnes sans outil numérique, etc. De nombreuses mesures ont également été prises par les collectivités territoriales. Beaucoup d’associations ont quant à elles continué leurs activités, différemment certes, mais avec la même énergie.
Chez les PEP 45 cet esprit de solidarité a été très fort que ce soit entre le personnel du secteur adultes et celui du secteur enfants, avec les usagers, ou même avec d’autres structures médico-sociales. La mise à disposition de personnel à l’EHPAD La Lilardière de Meung-sur-Loire, lorsque ce dernier a été durement touché par un foyer épidémique, en est l’exemple. Cette solidarité, bien présente dans de nombreux réseaux, doit perdurer car c’est l’âme de la France.
Laïcité : face aux atteintes qu’elle subit, peut-elle encore survivre ?
Les attaques que notre pays subit depuis plusieurs années visent ce modèle laïc qui nous permet de vivre ensemble malgré toutes nos différences, nos convictions et nos croyances, de jouir de notre liberté d’expression tout en respectant l’intégrité morale et physique des autres. Imaginons que nous puissions nous voir refuser l’accès à un service public en raison de notre âge, notre sexe, notre religion ou nos origines… et posons-nous la question : voulons-nous de cette société d’exclusion ou voulons-nous continuer de vivre avec nos libertés, faites de droits et de devoirs ?
Citoyenneté : peut-elle encore correctement s’exercer ?
Citoyenneté : peut-elle encore correctement s’exercer ? Lors des élections municipales dans le Loiret, à l’initiative de l’ADAPEI, des acteurs du médico-social (PEP, UDAF et APAJH), ont mené une sensibilisation auprès des personnes ayant une déficience mentale pour l’exercice de leur droit de vote, reconnu depuis 2019 seulement. Ce sont au total 300 000 personnes en France qui peuvent maintenant s’exprimer lors des différents scrutins. Même si la citoyenneté s’exerce évidemment de bien des manières, il s’agissait là d’un acte essentiel car la citoyenneté peut pâtir de ces petites injustices. Emmanuel Macron a maintenu le premier tour pour « assurer la continuité de notre vie démocratique et de nos institutions » malgré l’épidémie. Mais ne faut-il pas aussi que chaque personne s’empare de ses droits ?
Droits fondamentaux des personnes accompagnées et de leurs familles : sont-ils encore respectés ?
L’erreur n’aura pas été commise deux fois. Contrairement au premier confinement, l’ensemble des établissements et services médico-sociaux a pu ouvrir lors du deuxième. Il faut dire que la fermeture forcée en mars avait été dure à supporter pour bon nombre de personnes accompagnées. Le sentiment d’être méprisés avait pu prévaloir sur le sentiment d’être protégés, notamment pour les travailleurs en ESAT. C’est respecter toutes ces personnes que de les responsabiliser face à la crise et aux changements qu’elle génère. C’est les respecter que de ne pas leur faire subir des décisions auxquelles elles n’ont pas participé.
Oui, nous vivons une période, au-delà de la situation sanitaire, qui peut ne pas sembler propice au développement de nos valeurs fondamentales.
Pourtant, chez les PEP 45, comme dans d’autres associations, la Justice sociale est et restera un combat et un horizon.
Nous en sommes persuadés : nous avons toutes et tous l’énergie et la résilience nécessaires pour faire en sorte que nos valeurs soient si fortes qu’elles puissent traverser n’importe quelle crise.