Les Fabriques PEP, rendez-vous en ligne du 29 mars au 7 avril, consacrées aux projets innovants qui favorisent la pleine participation, font la part belle aux « MAS connectées » des PEP 45 ! L’occasion de plonger dans l’univers passionnant et dans les coulisses du numérique au service du secteur médico-social.
Au sein d’une Maison d’Accueil Spécialisée (MAS), il existe peu de moyens pour alimenter les relations entre les professionnels et les résidents, la majorité d’entre eux étant en situation de polyhandicap. Philippe Chavaroche, docteur en sciences de l’éducation, a développé des pistes d’accompagnement. La principale est d’utiliser le quotidien comme un « espace-temps riche de potentialités pédagogiques contenues dans les médiations les plus ordinaires » (Travailler en MAS, 2002, p.856-857) : « Tout ce
qui peut les inciter à agir par eux-mêmes, voire, si leur dépendance est trop invalidante, à regarder faire, leur montre que le monde n’est pas figé, statique, mais qu’il peut se transformer et sur lequel ils peuvent avoir “prise”. » (p.992-1000)
L’une des missions en MAS est d’offrir des moyens pour alimenter les relations mais le repli sur soi, les troubles cognitifs et mentaux prédominants, limitent énormément les moments d’échanges avec les résidents. La domotique est un des outils pour stimuler un autre mode de relation au monde.
De quoi s’agit-il ?
Le premier objet connecté est arrivé en 2003. Il s’agissait d’une lampe connectée à Internet qui s’animait en fonction des événements.
10 ans plus tard de nombreux objets reliés à Internet et capables de communiquer des informations sont apparus pour le grand public : ampoules, serrures, fenêtres, thermostats, etc. Il existe même maintenant des objets connectés de santé. Parfois vendus comme des gadgets ils peuvent pourtant trouver une utilité dans le cadre de la compensation du handicap.
Encore faut-il que les personnes en situation de handicap puissent utiliser les applications fournies par les vendeurs.
La révolution de l’environnement connecté
L’environnement connecté met en lien des émetteurs et des récepteurs (ampoule, volet, radio, machine à café, etc.).
Pour communiquer entre eux, ces périphériques sans-fil et parfois sans-pile échangent des ondes mais n’utilisent pas tous le même “langage” (Z-Wave, Zigbee, RTS, ARW, EnOcean).
Un environnement connecté va faire communiquer des langages différents entre-eux. Les box domotique installées dans nos MAS permettent par exemple le fonctionnement de 6 langages ensemble !
Un résident peut donc utiliser l’émetteur qui convient à ses capacités et à ses envies pour agir sur l’ensemble des récepteurs. Il peut ainsi appeler un aidant, actionner son sèche-cheveux ou ouvrir la porte.
Parmi les émetteurs se trouvent des produits développés pour le grand public : Dis Siri, Ok Google, applications mobiles, interrupteurs, etc. Ces outils ne sont pas toujours accessibles.
L’apport de notre plateforme numérique
Avec 5 ans de recul, les PEP 45 utilisent actuellement trois adaptations :
- des applications personnalisables sur lesquelles il est possible de remplacer le texte par des photos ou des pictogrammes ;
- des logiciels de communication, tel que Mind Express, The Grid ou Tobii Communicator, qui vont sur Internet et communiquent donc avec l’environnement via des requêtes HTTP ;
- des boitiers équipés de prises jack permettant de brancher n’importe quel contacteur (bouton émetteur personnalisable).
Des travaux sont en cours avec les fournisseurs pour que les émetteurs grand public puissent être directement fabriqués de manière accessible. Cette expérimentation pourra déboucher sur un grand bon en avant pour l’inclusion : n’importe qui, avec ou sans handicap, pourra contrôler son environnement connecté avec le même matériel.
En développant toutes ces technologies, les deux objectifs recherchés étaient de permettre plus d’indépendance pour certains résidents et d’offrir un médiateur supplémentaire dans les relations existantes entre les professionnels et eux.
En 2019, la plateforme d’accompagnement au numérique adapté a été créée, avec le soutien financier de l’Agence Régionale de Santé à titre expérimental sur 5 ans. L’enjeu étant de faire connaître l’apport d’un environnement connecté pour les personnes en situation de handicap dans tout le secteur médico-social.
Julien Cancel