Entretien avec David Templier, photographe et grand reporter que les PEP 45 ont choisi pour réaliser le projet “Regardons la différence”. Né en 1971, il est l’arrière-petit-fils du peintre Charles Roussel (1861-1936), connu pour ses “instantanés” des plages du nord. David Templier parcourt le monde depuis toujours, en quête de paysages aujourd’hui menacés.
Quel est votre travail de photographe ?
David Templier : Mon travail c’est d’être un témoin. Je suis un œil. Par exemple, je documente des rapports scientifiques sur la fonte de certains glaciers dans le Grand Nord comme le Sermeq Kujalleq au Groenland et le Vatnajökull en Islande. Je suis leur évolution depuis 15 ans et le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) confirme que l’Homme est l’accélérateur du dérèglement. Finalement, je ne suis qu’un témoin du temps qui passe.
La photographie c’est donc une forme de journalisme ?
D.T. : C’est de l’art et du journalisme ! Je fais les deux.
Comment est né le projet avec les PEP 45 ?
D.T. : J’étais déjà venu à la Maison d’Accueil Spécialisée La Devinière à Saint-Jean de Braye pour capturer une séance de tests Covid en 2020. Les PEP 45 avaient répondu à mon appel sur les réseaux sociaux pour témoigner aux générations futures de cette période troublante où tout, ou presque, était à l’arrêt. C’est assez naturellement qu’ils sont revenus vers moi l’année dernière pour me proposer ce projet “Regardons la différence”. ça tombe bien car je considère que photographier c’est reconnaître l’autre tel qu’il est. Le projet se clôture bientôt.
Quel est votre meilleur souvenir ?
D.T. : Je retiens chaque première rencontre avec les personnes accompagnées par les PEP, lorsqu’on venait présenter le projet dans les établissements. à chaque fois leur émerveillement quand je leur présentais les photos de glaciers et de volcans m’a marqué. Il y a une forme de sincérité brute chez elles qui me plaît. Il n’y a pas de mensonge. Personne ne joue un rôle, jeune ou adulte. Si elles n’aiment pas l’une de mes photos, elles me le disent sans filtre.
Justement, il y a eu beaucoup de rencontres lors de ce projet. Laquelle retenez vous plus particulièrement ?
D.T. : J’ai apprécié la rencontre avec Arthur, un jeune accompagné par le SESSAD. Lors des premières séances il ne communiquait qu’avec sa tablette. A la fin il y avait beaucoup plus d’échanges et il interagissait directement avec moi. J’ai le sentiment qu’un cap avait été passé. Toutes les personnes que j’ai rencontrées sont riches dans leurs réactions et m’ont touché à leur manière. Je veux les remercier.
Étiez vous déjà sensibilisé au handicap ?
D.T. : Je n’avais pas de préjugés à travailler avec les personnes en situation de handicap. Je sais qu’elles sont capables de tant de choses. En revanche, j’ai été stupéfait par le courage et l’abnégation des professionnels qui travaillent pour les accompagner au quotidien. Ce n’est pas toujours facile. On sent qu’il y a des difficultés mais que le sens de l’intérêt général, d’être utile dans son métier, prend le dessus.